Mgr Dominique Le Tourneau

La messe comme sacrifice

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J’ai déjà dit, avec des textes du magistère de l’Église, c’est-à-dire en m’appuyant sur l’enseignement officiel de l’Église, que la messe rend présent le Sacrifice que le Christ a fait de sa vie sur la Croix « une seule fois pour enlever le péché d’un grand nombre » (Hébreux 9, 28) et pour toujours. On disait aussi que la messe est le renouvellement non sanglant du sacrifice sanglant du Calvaire, même s’il est plus précis de dire que le Sacrifice du Calvaire est « rendu présent » chaque fois que la messe est célébrée, comme je viens de le rappeler. « Le sacrifice de la croix et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice. La victime et celui qui l’offrent sont identiques. Seule la manière de l’offrir diffère. Le sacrifice est sanglant sur la croix, non sanglant dans l’Eucharistie » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 280).

Comme dans l’Ancienne Alliance, le sacrifice est un véritable holocauste. « Il faut voir qu’il y a une différence entre sacrifice et holocauste. Tout holocauste est un sacrifice, mais tout sacrifice n’est pas un holocauste. Dans un sacrifice, on a l’habitude d’offrir une partie de la bête ; dans l’holocauste, la bête tout entière. Le mot holocauste se traduit en latin totum incensum, « totalement consumé ». Alors demandons-nous ce qui est sacrifice, ce qui est holocauste. Quand un homme voue à Dieu tel de ses biens, non tel autre, il y sacrifice. Quand il voue au Dieu tout-puissant tout ce qu’il a, tout ce qu’il vit, tout ce qu’il goûte, il y a holocauste » (Saint Grégoire le Grand, Homélies sur Ézéchiel 2, 8, 16). « Beaucoup de bonnes actions sont des sacrifices sans être des holocaustes, parce qu’elles n’enflamment pas l’âme tout entière d’amour spirituel. Ceux qui accomplissent les œuvres de Dieu sans renoncer pour autant aux œuvres du monde offrent bien un sacrifice, mais pas un holocauste » (Ibid. 1, 12, 30).

« Le sacrifice d’aujourd’hui est comme celui qu’offrit un jour l’unique Verbe incarné, il est offert (aujourd’hui comme alors) par Lui, car il est le sacrifice identique et unique » (Synode de Constantinople, 1156-1157, cité par Jean-Paul II, Lettre à tous les évêques sur le sacrement de l’Eucharistie, 24 février 1980, n° 9). En effet, le prêtre, à l’autel, ne fait que prêter son corps, sa voix et ses mains, son pauvre cœur (cf. saint Josémaria, Aimer l’Église, p. 93-94). Il offre le Sacrifice in persona Christi, « ce qui veut dire davantage que « au nom » ou « à la place » du Christ. « In persona » : c’est-à-dire dans l’identification spécifique, sacramentelle, au « grand prêtre de l’Alliance éternelle » (1 Jean 2, 2), qui est l’auteur et le sujet principal de son propre sacrifice, dans lequel il ne peut vraiment être remplacé par personne » (Jean-Paul II, lettre citée, n° 8). C’est donc Jésus-Christ qui est à la fois le grand prêtre et la victime de ce Sacrifice unique.
« L’Eucharistie est surtout un sacrifice : sacrifice de la rédemption et, en même temps, sacrifice de la Nouvelle Alliance » (Jean-Paul II, Ibid.). Elle est un sacrifice « parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la Croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1366). Le Christ « s’offrit Lui-même à Dieu le Père une fois pour toutes, mourant en intercesseur sur l’autel de la Croix, afin de réaliser pour eux [les hommes] une rédemption éternelle. Cependant, comme sa mort ne devait pas mettre fin à son sacerdoce (cf. Hébreux 7, 24.27), à la dernière Cène, « la nuit où Il fut livré » (1 Corinthiens 11, 23), Il voulait laisser à l’Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le réclame la nature humaine), où serait représenté le sacrifice sanglant qui allait s’accomplir une unique fois sur la Croix, dont la mémoire se perpétuerait jusqu’à la fin des siècles (cf. 1 Corinthiens 11, 23) et dont la vertu salutaire s’appliquerait à la rédemption, des péchés que nous commettons chaque jour » (concile de Trente). Par ce sacrifice « l’homme rachète la dette du péché et est réconcilié avec Dieu » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Tertio millennio adveniente, n° 7).

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