Mgr Dominique Le Tourneau

L’action de grâces

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L’attitude la plus logique quand nous recevons un cadeau est de manifester de la reconnaissance envers le donateur, une reconnaissance d’autant plus grande que le présent est d’importance. Dans l’Eucharistie, nous ne percevons pas un bien quelconque, mais l’auteur même de notre vie et de la grâce. Notre foi nous dit que Jésus-Christ est « vraiment, réellement et substantiellement présent » dans le Saint-sacrement, dans chaque hostie consacrée, et qu’il s’y trouve en entier, avec son corps, son sang, son âme et sa divinité.
De plus, l’« espèce sacramentelle » du pain consacré et devenu vrai corps de notre Seigneur ne se dissout en nous qu’au bout d’une dizaine de minutes. Pendant ce temps-là, notre âme est un véritable tabernacle qui abrite réellement le Dieu fait Homme. Il est donc logique que nous tâchions de consacrer ces dix minutes à remercier le Seigneur d’être descendu dans notre âme, qui, quelle que soit notre préparation, ressemblera toujours davantage à l’étable de Bethléem qu’au palais d’un grand roi.

« Les saints, en particulier sainte Thérèse, Bossuet aimait à le rappeler, nous ont souvent dit que l’action de grâces sacramentelle est pour nous le moment le plus précieux de la vie spirituelle. L’essence du Sacrifice de la Messe est bien dans la double consécration, mais c’est par la communion que nous participons nous-mêmes à ce sacrifice d’une valeur infinie. Il doit y avoir en ce moment un contact de la sainte âme de Jésus, unie personnellement au Verbe, avec la nôtre, une union intime de son intelligence humaine éclairée par la lumière de gloire avec notre intelligence souvent obscurcie, oublieuse de nos grands devoirs, obtuse en quelque sorte à l’égard des choses divines ; il doit y avoir aussi une union non moins profonde de la volonté humaine du Christ, immuablement fixée dans le bien, avec notre volonté chancelante, et enfin une union de sa sensibilité si pure avec la nôtre parfois si troublée. Dans la sensibilité du Sauveur il y a les deux vertus de force et de virginité qui fortifient et virginisent les âmes qui s’approchent de Lui.

Or, Jésus ne parle qu’à ceux qui l’écoutent, qu’à ceux qui ne sont pas volontairement distraits. Nous ne devons pas seulement nous reprocher nos distractions directement volontaires, mais celles qui le sont indirectement, par suite de notre négligence à considérer ce que nous devons considérer, à vouloir ce que nous devons vouloir, à faire ce que nous devons faire. Cette négligence est source d’une foule de péchés d’omission, qui passent presque inaperçus à l’examen de conscience, parce qu’ils ne sont rien de positif, mais l’absence de ce qui devrait être. Bien des personnes, qui ne se trouvent pas de péchés parce qu’elles n’ont commis rien de grave, sont pleines de négligences indirectement volontaires et par suite coupables. Ne négligeons pas le devoir de l’action de grâces, comme il arrive trop souvent aujourd’hui. Quels fruits peuvent porter des communions faites avec tant de sans-gêne ? » (R. Garrigou-Lagrange, O.P., La Vie Spirituelle, 44 (1935), p. 141-149).
Un ancien texte, la Didaché ou Doctrine des apôtres, qui remonte au IIe siècle, invite à rendre grâce à Dieu pour le pain et le vin qui ont été offerts à l’autel et qui, changeant de nature quoique non de constitution chimique, sont devenus vraiment le Corps et le Sang du Christ. Nous y lisons ceci, qui peut servir d’exemple :

« Pour l’Eucharistie, rendez grâce ainsi :
D’abord pour la coupe :

Nous te rendons grâce, notre Père, pour la sainte vigne de David, ton serviteur, que tu nous as révélé par Jésus, ton serviteur.

Gloire à toi dans les siècles !

Puis pour le pain rompu :

Nous te rendons grâce, notre Père, pour la vie et la connaissance que tu nous as révélées par Jésus, ton serviteur.

Gloire à toi dans les siècles !

Comme ce pain rompu autrefois disséminé sur les collines a été recueilli pour ne plus faire qu’un,

Qu’ainsi soit rassemblée ton Église des extrémités de la terre dans ton royaume.

Car c’est à toi qu’appartiennent la gloire et la puissance, par Jésus-Christ, dans les siècles ! »

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