Mgr Dominique Le Tourneau

La liturgie

Le mot « liturgie » signifie à l’origine « œuvre publique », « service en faveur du peuple ». Cela signifie donc que le Peuple de Dieu prend part à l’œuvre de Dieu. Dans le Nouveau Testament, le mot « liturgie » désigne « non seulement la célébration du culte divin, mais aussi l’annonce de l’Évangile et la charité en acte. Dans toutes ces situations, il s’agit du service de Dieu et des hommes. Dans la célébration liturgique, l’Église est servante, à l’image de son Seigneur […] participant à son sacerdoce (culte, prophétique (annonce) et royal (service de la charité) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1070). Par la liturgie, « le Corps mystique du Christ, à savoir la tête et les membres, exerce le culte public qui est dû à Dieu » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 218). La liturgie « nous fait entrer dans un mystère, c’est-à-dire une réalité cachée en Dieu avant tous les siècles « et qui a été révélée [de nos jours] aux saints apôtres et prophètes de Jésus-Christ » (Éphésiens 3, 5). Elle nous fait accéder, à travers des éléments sensibles disposés par l’Église, à la vie du Christ ressuscité, désormais auprès du Père, entouré des anges et des saints » (M. Gitton, Initiation à la liturgie romaine, Genève, 2002, p. 15).

La liturgie que l’Église accomplit, notamment en célébrant les sacrements, participe au désir dont le Christ a fait part à ses apôtres au moment de vivre sa Passion et de nous racheter : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Car, je vous le dis, je ne la mangerai plus avant qu’elle ait sa pleine réalisation dans le royaume de Dieu » (Luc 22, 15-16).
« À juste titre la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ, puisqu’en elle, par des signes sensibles, est signifiée et réalisée d’une manière propre à chacun la sanctification de l’homme, et est exercée par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par le Chef et ses membres, le culte public et intégral » (concile Vatican II, constitution sur la liturgie, n° 7). La Liturgie, dont l’essentiel est constitué par les sacrements, est un signe sacré en elle-même, comme l’Église, définie par le même concile comme « sacrement du salut ». Elle se manifeste par un double mouvement, ascendant et descendant, d’adoration et de supplication, d’une part, de réception de grâces divines, d’autre part. « D’une part, l’Église, unie à son Seigneur et « sous l’action de l’Esprit Saint » (Luc 10, 21), bénit le Père « pour son Don ineffable » (2 Corinthiens 9, 15) par l’adoration, la louange et l’action de grâces. D’autre part, et jusqu’à la consommation du dessein de Dieu, l’Église ne cesse d’offrir au Père « l’offrande de ses propres dons » et de l’implorer d’envoyer l’Esprit Saint sur celle-ci, sur elle-même, sur les fidèles et sur le monde entier, afin que, par la communion à la mort et à la résurrection du Christ-Prêtre et par la puissance de l’Esprit, ces bénédictions divines portent des fruits de vie « à la louange de gloire de sa grâce » (Éphésiens 1, 6). » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1083).

« Action sacrée par excellence, la liturgie constitue le sommet vers lequel tend l’action de l’Église et en même temps la source d’où provient sa force vive. Par la liturgie, le Christ continue dans son Église, avec elle et par elle, l’œuvre de notre rédemption » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 219).

D’autre part, « les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est « le sacrement de l’unité » […] C’est pourquoi elles appartiennent au Corps tout entier de l’Église, elles le manifestent et elles l’affectent ; mais elles atteignent chacun de ses membres, de façon diverse, selon la diversité des ordres, des fonctions et de la participation effective » (concile Vatican II, constitution sur la liturgie, n° 26). On privilégiera donc, autant que possible, la célébration commune, avec la participation active des fidèles, par rapport à la célébration privée.

« Tous les membres n’ont pas la même fonction » (Romains 12, 4) dans l’Église. Certains sont appelés par Dieu, dans et par l’Église, « à un service spécial de la communauté. Ces serviteurs sont choisis et consacrés par le sacrement de l’ordre, par lequel l’Esprit Saint les rend aptes à agir en la personne du Christ-Tête pour le service de tous les membres de l’Église » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1142) : ce sont les prêtres. Les autres fidèles ne se limitent pas à assister passivement ; ils participent aux actions liturgiques en vertu du sacerdoce commun reçu au baptême. « L’assemblée qui célèbre est la communauté des baptisés qui, « par la régénération et l’onction de l’Esprit Saint, sont consacrés pour être une maison spirituelle et un sacerdoce saint, en vue d’offrir des sacrifices spirituels » (Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium sur l’Église, n° 10). Ce « sacerdoce commun » est celui du Christ, unique Prêtre, participé par tous ses membres » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1141).
Il est intéressant de jeter un coup d’œil à la structure du Livre IV du Code de droit canonique qui traite précisément de « la fonction de sanctification de l’Église ». La première partie est sans surprises : elle traite des sacrements en général et en particulier. Cette première partie est suivie d’une deuxième, intitulée « les autres actes du culte divin », où il est question des sacramentaux, de la liturgie des heures, des funérailles ecclésiastiques, du culte des saints, des saintes images et des reliques, du vœu et du serment. Y fait suite une troisième partie consacrée aux lieux sacrés et aux temps sacrés, les lieux sacrés étant les églises, les oratoires et les chapelles privées, les sanctuaires, les autels et les cimetières, et les temps sacrés, les jours de fête et les jours de pénitence. Les sanctuaires évoquent les pèlerinages. Il faudrait mentionner également les processions, mais aussi tout le culte qui entoure l’Eucharistie : « L’adoration du Christ dans ce sacrement d’amour doit trouver ensuite son expression en diverses formes de dévotion eucharistique : prières personnelles devant le Saint-Sacrement, heures d’adoration, expositions brèves, prolongées, annuelles (quarante heures), bénédictions eucharistiques, processions eucharistiques, congrès eucharistiques » (Jean-Paul II, Lettre à tous les évêques sur l’Eucharistie, 24 février 1980, n° 3).

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