Mgr Dominique Le Tourneau

La structure de la liturgie des heures

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II. La structure de l’office divin

La liturgie des heures qui est, nous l’avons vu, la prière du Christ poursuivie par l’Église sous l’action de l’Esprit Saint, sans lequel « aucune prière chrétienne ne peut exister » , se trouve donc distribuée tout au long de la journée et « exprime la vraie nature de l’Église priante et resplendit comme son signe merveilleux ». Si la prière privée a toute son importance, « la prière de la communauté possède une dignité spéciale » (n° 9). Nous allons voir les principes inspirateurs de l’office divin (A), puis son déroulement (B).

A) Les principes inspirateurs de l’actuelle Liturgie des heures.

Le premier principe, déjà évoqué, est celui de la sanctification du temps. Le précepte du Seigneur de prier sans désemparer (cf. Lc 18, 1) « est accompli non seulement par la célébration de l’Eucharistie, mais également d’autres façons, et surtout par la Liturgie des Heures, qui a en propre, par rapport aux autres actes liturgiques, suivant l’ancienne tradition chrétienne, de consacrer tout le cycle du jour et de la nuit » (n° 10). Par conséquent, « sanctifier la journée et toute l’activité humaine est l’un des buts de la liturgie des Heures ; aussi le déroulement de celle-ci a-t-il été restauré de façon à rendre aux Heures, autant que possible, la vérité du temps et à tenir compte également des conditions de la vie actuelles. C’est pourquoi « il importe, soit pour sanctifier véritablement la journée, soit pour célébrer les Heures elles-mêmes avec fruit spirituel, que, dans la prière des Heures, on observe le moment qui se rapproche le plus du temps véritable de chaque Heure canonique » (n° 11).
Un second principe a trait au rapport de la Liturgie des Heures avec l’Eucharistie. En effet, la Liturgie des Heures étend aux différents moments de la journée la louange et l’action de grâces, de même que la « commémoration des mystères du salut, la supplication, l’avant-goût de la gloire céleste qui sont contenues dans le mystère eucharistique » (n° 12), « centre et sommet de toute la vie de la communauté chrétienne » , ou « centre et racine de la vie spirituelle du chrétien » . Il nous est dit que « la célébration eucharistique trouve elle-même dans la Liturgie des Heures une excellente préparation, car celle-ci éveille et nourrit comme il faut les dispositions nécessaires pour une célébration fructueuse de l’Eucharistie, comme la foi, l’espérance, la charité, la dévotion et l’esprit de sacrifice » (n° 12).
Le troisième principe est que la fonction sacerdotale du Christ trouve son parfait accomplissement dans la Liturgie des Heures. Lui-même « présent dans cette liturgie pendant que la communauté est rassemblée, que la Parole de Dieu est proclamée et « que l’Église prie et chante les psaumes » , y réalise « l’œuvre de la Rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu » (n° 13). Ces psaumes, au dire de Cassiodore (v. 485-v. 580), « rendent favorable le jour qui vient par la joie du matin ; ils sanctifient pour nous la première heure du jour ; ils consacrent pour nous la troisième heure ; ils sont la joie de la sixième heure dans la fraction du pain ; à none, ils rompent notre jeûne ; ils concluent les derniers instants du jour et, quand la nuit arrive, ils empêchent les ténèbres d’envahir notre esprit » .
En quatrième lieu, ce n’est pas seulement quand on lit « ce qui a été écrit pour notre enseignement" (Rm 15, 4), mais aussi « quand l’Église prie ou chante, que la foi de ceux qui y participent est nourrie, que les âmes sont entraînées vers Dieu pour lui offrir un hommage spirituel et pour recevoir sa grâce plus abondamment » (n° 14). En effet, « la sanctification de l’homme s’opère et le culte de Dieu s’exerce dans la Liturgie des Heures de manière à instaurer une sorte d’échange ou de dialogue entre Dieu et les hommes » (ibid.), ce qui est d’ailleurs le propre de la prière véritable. C’est le propre des psaumes, qui sont des cantiques de louange, comme le montre leur nom hébreu Tehillim, alors que l’équivalent grec, psalmoi, signifie "cantiques à chanter au son du psaltérion" (n° 103).
Ensuite, dans l’office divin, l’Église offre à Dieu « sans relâche » (1 Th 5, 17) un sacrifice de louange. C’est « la voix de l’Épouse elle-même qui s’adresse à son Époux, et mieux encore, c’est la prière du Christ que celui-ci, avec son Corps, présente au Père » . « Par la louange des Heures offerte à Dieu, l’Église s’associe au divin chant de louange chanté de toute éternité dans les cieux ; en même temps, elle perçoit un avant-goût de la louange céleste, décrite par saint Jean dans l’Apocalypse » (n° 16). Le renouvellement du monde, définitivement acquis par la mort du Christ sur la Croix est anticipé dès à présent . Par la foi, « nous sommes instruits sur le sens de notre vie temporelle, pour vivre, avec toute la création, dans l’attente de la manifestation des fils de Dieu. Dans la Liturgie des Heures nous proclamons cette foi, nous exprimons et nous nourrissons cette espérance, nous participons en quelque sorte à la joie de la louange perpétuelle et du jour qui ne connaît pas de crépuscule » (ibid.).
Selon le sixième principe, la Liturgie des Heures interpelle le Christ et, par lui, le Père , « pour le salut du monde entier » (n° 17). En effet, « la voix qu’on entend ici n’est pas seulement celle de l’Église, mais aussi celle du Christ, puisque les prières sont prononcées au nom du Christ, c’est-à-dire « par Jésus-Christ notre Seigneur". Par cette prière, l’Église exerce un « véritable rôle maternel envers les âmes » (ibid.).
L’office divin est encore la source et le sommet de l’action pastorale. « Ceux qui y prennent part contribuent, par une mystérieuse fécondité apostolique à accroître le peuple du Seigneur, car tout labeur apostolique vise « à ce que tous, devenus enfants de Dieu par la foi et le baptême, se rassemblent, louent Dieu au milieu de l’Église, participent au Sacrifice et mangent la Cène du Seigneur » (n° 18). En même temps, les lectures et les prières de la Liturgie des Heures « constituent une source de vie chrétienne » (ibid.). Saint Josémaria disait déjà : « Ne néglige pas la lecture spirituelle. — La lecture a fait beaucoup de saints » .
Le dernier principe demande que l’âme s’accorde avec la voix. C’est la condition pour que cette prière soit vraiment personnelle, source de piété et de grâce, et pour qu’elle nourrisse la prière personnelle et l’action apostolique.
La Présentation générale de la Liturgie des Heures, après avoir rappelé que celle-ci n’est pas une action privée, souligne qu’elle est confiée tout spécialement aux ministres sacrés. Elle nourrit bien entendu leur piété, mais aussi leur « action pastorale et missionnaire pour l’épanouissement de toute l’Église de Dieu » (n° 28). Ils « sont tenus de s’acquitter chaque jour de son cycle complet » (n° 29). La responsabilité de l’évêque, comme grand prêtre de son troupeau est soulignée : Sa prière est « accomplie toujours au nom de l’Église et pour l’Église qui lui est confiée » (n° 28). Après avoir énoncé ces principes, nous pouvons en venir à la structure proprement dite de la Liturgie des Heures.

(à suivre...)

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