Mgr Dominique Le Tourneau

Conclusion

Ipsa conteret ! Voici qu’« un grand signe apparut dans le ciel : une Femme » (Ap 12, 1). Encore et toujours une Femme. Sans autre précision. Mais nous savons désormais qui est cette Femme. Voici « une Femme vêtue du soleil, la lune sous les pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête » (Ap 12, 1).
Une Femme surgit au firmament,
Unit Ancien et Nouveau Testaments.
Douze étoiles et autant de diamants
La recouvrent pour son couronnement.

Sa large tunique se gonfle au vent.
Elle vient en majesté du Levant
Theotokos, elle va de l’avant,
Pleine de grâces du dernier Avent.

Alors, qui de la Croix est descendu,
— Oh larmes par la Pietà répandues ! —,
S’avance vers Elle, les bras tendus,
La remercie d’une étreinte éperdue [1].

* * *

La petite Thérèse, plus audacieuse parce que plus petite, s’émerveillait : « Parfois je me surprends à lui dire : « Mais ma bonne Sainte Vierge, je trouve que je suis plus heureuse que vous, car je vous ai pour Mère, et vous, vous n’avez pas de Sainte Vierge à aimer... Il est vrai que vous êtes la Mère de Jésus mais ce Jésus vous nous l’avez donné tout entier... et Lui sur la croix il vous a donné à nous pour Mère. Ainsi nous sommes plus riches que vous puisque nous possédons Jésus et que vous êtes à nous aussi. Autrefois dans votre humilité vous souhaitiez d’être un jour la petite servante de l’heureuse Vierge qui aurait l’honneur d’être la Mère de Dieu, et voilà que moi, pauvre petite créature, je suis non pas votre servante, mais votre enfant, vous êtes la Mère de Jésus et vous êtes ma Mère. [2]. »
De Maria numquam satis, « on n’en dit jamais assez de Marie ». Cette sentence, attribuée à saint Bernard, peut, par mode de conclusion, nous permettre d’arrêter ici cette louange de la bienheureuse Vierge Marie. Tout au long des siècles, les auteurs, et les fidèles de base, se sont employés à magnifier notre Mère, sans arriver à exprimer à la perfection les sentiments qu’elle fait naître en eux. « Dieu n’aurait pas pu la rendre plus grande, affirme saint Bonaventure. Dieu aurait pu faire un monde plus grand et un ciel plus grand ; mais pas une mère plus grande que sa propre Mère [3] ».
Écoutons pour finir le moine Eadmer (v. 1064-1141), collaborateur de saint Anselme, dont il est le biographe [4] : « Tant que Dieu ne m’accordera pas à parler plus dignement de ma Souveraine, ce que j’ai dit, je le dirai encore et toujours ; ce que j’ai écrit, je ne le change pas ; et pour le reste je me remets, moi et mon intention, à son Fils et à Elle, ma Reine, Mère de mon Seigneur, Mère aussi de l’illumination de mon cœur. [5] »

[1(D. Le Tourneau, poème inédit)

[2Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, Une course de géant. Lettres (édition intégrale), « Lettre 137 à Céline », Au Carmel 19 Octobre 1892, Paris, Cerf, DDB, 1977, p. 226

[3Saint Bonavenure, Speculum Beatæ Virginis, chap. 8

[4Historien et écrivain spirituel, il est connu notamment pour son De conceptione Sanctæ Mariæ.

[5Eadmer, cité par Dom Jean Leclercq, L’amour des lettres et le désir de Dieu. Initiation aux auteurs monastiques du Moyen Âge, Paris, Cerf, 2008, p. 200.

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